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3 août 2009 1 03 /08 /août /2009 21:24



Né le 27 mars 1787 à Loches, Alfred Victor comte de Vigny était un poète, dramaturge et écrivain français. Contemporain de Victor Hugo, il est une figure du romantisme. Il écrira aussi bien des poèmes que des nouvelles, des romans ou encore des drames comme notamment Chatterton.

La maison du Berger, publié en 1864 dans Les destinées, est un poème romantique, le seul parlant d’amour écrit par Alfred de Vigny. Ce texte en est la fin. Le poète présente un discours lyrique composé de septains dont les vers sont des alexandrins par lequel il met en contraste la froideur de la Nature et la tendresse de la femme, du couple, de l’Homme.

Aussi peut-on se demander comment l’auteur s’y est-il prit pour façonner le seul poème d’amour de sa carrière.

Nous verrons tout d’abord l’accusation faite par l’auteur envers la Nature, celle-ci même qui s’oppose à la beauté d’un couple magnifié.

 

I. La Nature : déesse froide, menaçante et despotique.

 

C’est extrait se compose de trois strophes de sept vers chacune que l’on peut définir en deux parties. Dans la première, de Vigny accuse la Nature d’être froide et menaçante, l’auteur utilise alors la seconde personne du pluriel « vous », montrant un certain respect voir une servitude face à cette « déesse » (3). La seconde à pour destinataire une femme. La personne a changé, il s’agit de la seconde du singulier mise pour une « voyageuse indolente » (8) dont « l’amour taciturne » est « menacé » (21).

Le texte débute par une répétition dans « Vivez, froide Nature, et revivez sans cesse... ». Celle-ci met en évidence l’immuabilité de la Nature, définie comme une entité qui se perpétue « sans cesse » (1)  tandis que l’homme est un « humble passager » mortel (4). Cette Nature est qualifiée de « déesse » indifférente dans le troisième vers avec « vivez et dédaignez, si vous êtes déesses ». Celle-ci est à la fois perpétuelle mais aussi omniprésente comme nous l’indique « sous nos pieds, sur nos fronts ». L’Homme est ainsi entouré et la « loi » de la Nature semble l’écraser. La Nature est ainsi perçu comme despotique. L’auteur utilise l’impératif pour s’exprimer ce qui indique qu’il reproche à la Nature ce qu’elle est.

« Vivez et dédaignez [...] l’homme, humble passager, qui dut vous être un roi » (3-4) Comparaison implicite entre l’homme mortel et la Nature déifiée : l’homme est un roi dont le pouvoir vient de la Nature comme le roi absolu tient le sien de Dieu. Ainsi, on peut s’imaginer qu’Alfred de Vigny place la Nature comme une maîtresse que l’Homme doit servir.

«  Plus que tout votre règne et que ses splendeurs vaines, / J’aime la majesté des souffrances humaines ; / Vous ne recevrez pas un cri d’amour de moi ». L’auteur se dévoile par « je » et « moi » : il est le narrateur de cette accusation et par une litote, il montre sa haine pour la Nature « Vous ne recevrez pas un cri d’amour de moi » (7). « Recevrez » est au futur, ce qui implique que l’auteur se projette dans l’avenir, il gardera sa rancœur bien après l’avoir écrit. Les points-virgules après « loi », « roi » et « humaines » donnent plus d’impact aux reproches du poète. De plus, le son de ces deux rimes est [-aine] ce qui nous rappelle la haine qu’il porte en lui. On note une légère concession, en effet, il accorde à la Nature sa beauté qu’il qualifie de « vaine », car pour lui, derrière ses apparats, elle est une déesse sans pitié qui « règne » sur les hommes.

Dans la troisième strophe, de Vigny qualifie la terre « d’ingrate » et de lieu grâce au pronom relatif « où »  et la juxtapose aux « morts » comme s’il reprochait à la Nature d’être éternelle. En outre, la déesse est menaçante comme nous l’indique « appuyée aux branches incertaines » et « ton amour taciturne et toujours menacé ». Si elle s’appuie sur la branche, celle-ci peut casser, mais si elle appuie son front contre l’auteur, elle peut rêver en paix : nouvelle comparaison entre l’homme et la nature.

Ainsi nous avons pu voir qu’Alfred de Vigny se place comme accusateur de la Nature, qu’il qualifie de despotique, menaçante, froide, immuable, sans pitié... Mais nous verrons dans un second temps que ce réquisitoire s’oppose au dithyrambe qu’il fait sur la femme, le couple, l’homme et l’amour.

 

 

II. L’éloge de l’Homme et de l’amour fait par un auteur dévoilé

 

La seconde strophe débute sur une opposition sur ce qui a été dit précédemment. En effet, « Mais toi » montre que le regard de mépris porté sur la Nature s’oppose à celui que l’auteur porte sur la femme qu’il interpelle, nouvelle destinatrice du message à suivre qualifiée de « voyageuse indolente ».

« La majesté des souffrances humaines » l’Homme est qualifié de majestueux.

Le poète a témoigné sa haine par une litote mais l’oppose avec l’image de l’affection qu’il porte en lui pour les femmes. En effet, on note qu’au lieu d’avoir des affirmations tranchantes comme au premier paragraphe, il utilise une interrogation, proposant à la voyageuse de rêver : « ne veux-tu pas, voyageuse indolente, / Rêver sur mon épaule, en y posant ton front » (8-9). Outre l’affection, on note la confiance qu’il témoigne et qui s’oppose à la menace de « branches incertaines » (19).

Dans cette seconde partie, il y a un véritable champ lexical de la quiétude avec « rêver », « indolente », « paisible », « Esprit pur », « pays muets » qui trouve ses limites dans « l’amour taciturne » qui s’oppose à la « souffrance » énoncée dans la première strophe.

« la maison roulante » (10) symbolise le voyage ce qui peut être mis en relation avec « voyageuse » (8). On peut aussi l’interpréter comme l’impossibilité que l’auteur a d’avoir des attaches ou encore comme les diverses femmes qu’il dû rencontrer au cours de sa vie.

Par « voir ceux qui sont passés et ceux qui passeront », de Vigny donne au couple un avenir : pour lui, l’union se poursuivra dans le temps, ce même futur qui se caractérise par le futur simple dans « passeront ».

Le poète propose à cette femme de quitter la ville pour la campagne, ce que nous pouvons clairement retrouver dans : « Tous les tableaux humains qu’un Esprit pur m’apporte / S’animeront pour toi devant notre porte / Les grands pays muets longuement s’étendront ». Ces « grands pays muets » (14) se différencient du vacarme de la ville. « Les tableaux humains » est une métaphore qui met en relief l’analyse que l’auteur fait des autres hommes : il est en effet connu pour être un brillant philosophe, ce qui implique un regard externe sur le monde qui l’entoure et « Esprit pur » pourrait qualifier cet esprit philosophique. « s’animeront pour toi », de Vigny conçoit un amour bâti sur du partage tandis que « notre » dans « notre porte » met en avant le couple, et l’union entre les deux personnages.

La troisième strophe débute sur « Nous marcherons ainsi, ne laissant que notre ombre / Sur cette terre ingrate où les morts ont passé » ce qui nous rappelle « l’homme, humble passager ». Pour l’auteur, le couple et par extension l’homme n’est que de passage et ne vit que pour l’amour et la passion. Par « Nous nous parlerons », « nous marcherons », de Vigny nous présente un couple paisible qui marche, parle et aime alors que la menace rôde autour d’eux : « ombre », « sombre ». Ces deux rimes ont un son disgracieux contrairement à la majorité des autres ce qui accentue davantage sur l’oppression et fait donc référence à la Nature, seule réelle coupable.

La femme est qualifiée de « voyageuse indolente », rêveuse, paisible, sensible comme nous l’indique « Pleurant, comme Diane au bord de ses fontaines » et où le lyrisme est très présent car la femme est comparée à la Diane de Shakespeare et le rapprochement entre « pleurant » et « fontaine » accentue sur la tristesse qu’elle éprouve. Elle semble aussi fragile (« appuyée aux branches incertaines »). « Où tu te plais à suivre un chemin effacé », dans ce vers, on peut se demander si son passé fut effacé par le temps, ce qui indiquerait que de Vigny veut lui faire contempler un avenir qu’ils fonderaient en couple. Cette « voyageuse » est en quête de son passé et « d’un amour taciturne et toujours menacé » (21).

 

Ainsi Alfred de Vigny nous propose un poème d’amour où l’auteur demande à une femme de quitter la ville pour le rejoindre en campagne. Il met en relation la Nature et l’image du couple, montrant une haine tenace pour la première, et un amour inconsidéré pour la seconde. 

Gérard de Nerval a, dans Vers dorés, proposé des thèses inverses à celles de Vigny. Pour lui, l’homme doit craindre et respecter la Nature qui donne vie à chaque chose.

 

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3 août 2009 1 03 /08 /août /2009 21:18



Né à Besançon en 1802, Victor Hugo occupe une place exceptionnelle dans l’histoire de nos lettres. Nommé « père des lettres » par ses contemporains, il domine le XIXème siècle par la durée de sa vie, de sa carrière, par la fécondité de son génie et la diversité de son œuvre. Il est le chef de fil du Romantisme, courant majeur du début de ce siècle et s’est illustré par des chefs d’œuvres comme Les Misérables, Les Contemplations, Les Châtiments et des actes : la bataille d’Hernani.

Les Contemplations est un recueil de poèmes écrit par Hugo après la mort de sa fille, Léopoldine. Ce texte en est un extrait. Il s’agit d’un poème à registre lyrique composé de 28 vers. L’auteur y témoigne son amour pour sa maîtresse, Juliette, alors qu’il est exilé à Guernesey.

Aussi peut-on se demander comment l’auteur s’y prend-il pour définir ses sentiments.

Nous verrons dans un premier temps ce texte comme un poème d’amour avant d’analyser le lyrisme de ce dernier.

 

I. Un poème d’amour

 

Ecrite par Victor Hugo à sa maîtresse Juliette, ce poème est une lettre d’amour. L’auteur y décrit une scène où sur l’île de Serk, il cueille une fleur pour l’offrir à son aimée. La présence des sentiments de l’auteur son présents en nombre important.

Dès le premier, on remarque que l’auteur se dévoile et dévoile la destinataire : « J’ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline ». Victor Hugo parle ainsi à la première personne du singulier, il est le narrateur interne à l’histoire tandis que « toi » est mis pour Juliette, sa maîtresse. Vers le centre du poème, au vers 13, il reprend cette construction avec « J’ai cueilli cette fleur pour toi, ma bien aimée ». « toi » représente donc ma « bien-aimée » tandis que la juxtaposition de ces deux termes accentues sur l’intention, sur l’amour que l’auteur porte à la lectrice : il la rend importante car elle est l’unique destinatrice de ses buts. Ces mêmes buts que l’on note par « pour toi » que l’on peut remplacer par « dans l’intention de te... »

 

II. Victor Hugo : Un poète lyrique

 

Le lyrisme de l’auteur se manifeste dans toute son œuvre de manière croissante. Ce dernier usant des souvenirs, émotions, rêves et sensations, il se qualifia d’« écho sonore répercutant toutes les voix du monde, voix des hommes, de la nature et de Dieu ». L’exil lui a permis d’approfondir ses ressentis, touchant à de nombreux sujets comme Dieu, l’immensité, la patrie, la noblesse, la liberté, la nature et ses multiples visages et ici, l’amour.

Dans son poème, l’auteur utilise de nombreuses personnifications. Ainsi l’escarpement s’incline dans « Dans l’âpre escarpement qui sur le flot s’incline » (v.2). L’inclinaison de l’escarpement est la pente abrupte qui finie une côte et qui se plonge dans la mer. Par cette figure de rhétorique, Victor Hugo nous dépeint un paysage majestueux qui s’incline respectueusement devant la mer comme un serviteur pouvait le faire devant son roi.

« Que l’aigle connaît seul et seul peut approcher », l’aigle est le seul à connaître cet endroit isolé et difficile d’accès

 

« L’aigle connaît » (v.3), la fleur est « paisible » (v.4), « l’ombre baignait les flancs du morne promontoire » (v.5)

 

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